• Ce qu'il faut savoir

Il prend ses patients pour des rats de laboratoire. Vous venez le voir à cause d'un bras cassé ? Il va essayer de vous en greffer un troisième. Vous avez mal à la jambe ? Il va vous proposer de vous emputer. Petit conseil : évitez d'avoir mal au crâne. Mais le pire, c'est qu'il fait ça avec une telle insensibilité qu'on dirait qu'il trouve ça...logique, normal. Il passe le plus clair de son temps dans son cabinet, ou plutôt à l'arrière de son cabinet, où il fait des expériences, il se triture l'esprit, en fait, personne ne comprend vraiment ce qu'il fait...Et on ne sait même pas si lui le comprend. Il n'a pas de réel but, ou plutôt, ce sont des choses qui l'intriguent. C'est tout. Oui il peut essayer de vous arracher un oeil pour voir votre réaction. Courrez. Non mais vraiment, courrez.

• Entrée en piste

Warren fixait la bête un sourire en coin. Il n’était pas fatigué de l’opération, il était bien. Ses gants blancs étaient à présent tachetés de rouge, les ustensiles qui gisaient à côté aussi, ainsi que la table. L’hémorragie avait été violente, le sang éclatait dans le contraste de l’obscurité de la pièce et de cette lampe éblouissante, qui épiait le cadavre.

Cette nuit avait été longue, et le médecin n’avait pas encore eu ses trois heures de sommeil. Trois heures, jamais plus. Il n’aimait pas dormir. C’était une perte de temps et son corps s’y était habitué depuis bien longtemps. Trois longues heures à se perdre dans l’abyme des rêves, trois longues heures à se perdre dans l’inconscient, trois longues heures perdues.

Il y avait cette chose qui l’empêchait de dormir. Cette seule et unique chose qui lui faisait peur, qui le torturait. Ce n’est pas évident d’avoir conscience de ce que l’on est. Pour Warren, c’était une abomination. Pour Warren, c’était une excuse pour faire ce qu’il veut. A moins que ce ne soit pour s’amuser. Il ne savait plus ce qui était vrai, il s’était trompé de route depuis si longtemps…

La folie. Cette chose affreuse qui l’emportait de plus en plus, jour après jour. Ces changements de comportements, cette indifférence face à l’humanité, ces nuits passées à se demander qui il est.

Warren fixait la bête, son sourire s’effaçait. Mais qu’est-ce que j’ai fait ?

C’était étalé, torturé, cousu, décousu, séparé, déplacé, ajouté…Il venait de l’achever. Il connaissait ses limites. Pourquoi avoir fait tout ça ? Par sadisme ? Non. Plutôt par… curiosité.

C’est tellement beau…