• Ce qu’il faut savoir.

→ Les Winstons sont sa vie.
→ Son chat aussi.
→ Tout comme ses vêtements.
→ Elle méprise les êtres humains, mais aime bien les utiliser.
→ Adore pourtant analyser son espèce; c'est la plus drôle qui soit.
→ N'a de sens moral que du lundi au vendredi, de 9h à 17h.
→ Aime beaucoup tout ce qui est culturel.
→ Ne boit pas ou peu, ne tenant pas l'alcool.
→ Accro au café. Ou au thé à la menthe - le tout hyper sucré.
→ Se tient en forme grâce au yoga et à la natation.
→ Ex-boxeuse, durant ses années lycée.
→ A toujours rêvé de trouver quelqu'un capable de la dominer autant physiquement qu'intellectuellement. Trop fière pour l'avouer.
→ Trop jalouse et fière pour avoir une liaison sérieuse. Et puis, aime trop le changement.
→ Déteste les araignées, les œuvres caritatives, les enfants et la neige.
→ Est fascinée par le sang et le mensonge.
→ Aime le rouge, le vert, le bleu et le noir.

• Entrer en piste.

"A mardi, Mrs Collins. Continuez les exercices que je vous ai prescrits surtout. Passez voir ma secrétaire, elle vous dira le prix de la consultation. Bonne journée."

45 ans, ménopausée. J'arrive à maintenir un semblant de sourire jusqu'à ce qu'elle ferme la porte derrière elle, puis je m'effondre dans mon fauteuil. Enfin débarrassée de cette grognasse.
Elle sait que son mari la trompe, mais elle ne le supporte pas. Je me contente de la convaincre que c'est son inconscient qui parle et ajoute une bonne couche de Freud sur le dessus afin de me donner un air professionnel. 45 ans d'une vie nulle, qu'elle me sert durant 45 minutes trois fois par semaine. Apparemment, ça l'aide de me pourrir la vie.
Bon, elle n'en a sûrement pas conscience; je fais attention à paraître prévenante et chaleureuse. Parfois, dans les bons jours, je tente même d'être enjouée. Mais avec ce genre de nana, c'est peine perdue.
Alors, je n'essaie plus.    
Ça fait quelques années que je n'essaie plus dans mon boulot. Avoir tous les jours, cinq jours par semaine le récit de cinq vies merdiques, ça use. Je ne peux plus.
Quand je repense à mon passage enjoué sur les bancs de la fac à me persuader que j'avais trouvé ma vocation ... J'ai envie de sauter par la fenêtre de mon si enviable bureau. Mais bon, au deuxième étage, il me faudrait un angle spécifique dans ma chute pour être certaine de me tuer. Or dans une telle position, je risquerai de détruire ma jupe Chanel ou mon pantalon Calvin Klein et ça, ça me fait trop mal au coeur.
Alors je tiens, je referme la fenêtre, quitte mon bureau à l'heure de la sortie et file acheter un foulard. Ça aide. La clope aussi. Le sexe encore plus.

Si j'ai une aussi bonne situation à New-York - car tous les psy sont loin de rouler sur l'or - c'est parce que je me suis spécialisée dans la filière féminine. En clair, je ne prend que des femmes, de 35 ans à 65 ans. Pourquoi cette tranche d'âge ?
Car j'étudie de très près leur situation. En effet, je suis une sorte de conseillère conjugale, mais à sens unique. Je m'occupe de leurs problèmes de couples. Je reçois donc ces femmes éplorées de 9h à 17h du lundi au samedi dans mon bureau. Le reste du temps, j'applique le reste de ma thérapie sur ce qu'elles pensent en général être ma source du problème : le conjoint.
D'une ça me détend. De deux, eux aussi. De trois, au moins, elles ont au moins une réelle raison de se plaindre ensuite.
Et puisque je "thérapise" leur femme, les hommes veulent tout savoir. Du coup, en général, ils peuvent obtenir l'accès à mes notes contre monnaie sonnante et trébuchante si tant est qu'ils ne m'aient pas trop déçue au lit. Sachant que je ne me satisfait de pas grand chose, faut vraiment être fort.
Enfin bref. On a rien sans rien.

Résultat, les maris me font autant de pub que leurs femmes, je me fais le double de mes honoraires et en plus je baise à volonté. Sincèrement, ma vie aurait pu être pire. Je dois cependant avouer que parfois, jouer la sainte Nitouche compréhensive me pèse. Tromper mes patientes ne me suffit plus. Je veux plus d'argent, je veux plus de débauche. Je veux me sentir vivre, car à bien y regarder, en fait, mis à part ma proportion de baise qui différencie la chose, ma vie est somme toute, toute aussi nulle que celle des patientes que je vois.